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Dire NON, début du conflit ou de l’harmonie ?

Parmi mes clients, nombreux sont ceux qui, à un moment, viennent me voir avec cette demande : « Je veux savoir dire NON. »


Jamais une séance de coaching identique, pas de réponse universelle, pas une problématique n’est exactement la même. L’incapacité à dire « non » peut nous renvoyer à plusieurs problématiques existentielles, la mise en doute de notre compétence, la sensation de ne pas être à la hauteur ou même le sentiment de ne plus être digne d’être aimé.


Je vais me concentrer sur ce dernier aspect car il existe des facteurs et des manières d’aborder le sujet qui se ressemblent ainsi que des clés qui permettent d’avancer vers plus de sérénité face à cette réponse à apporter à l’autre.


Pourquoi je n’y arrive pas ?


Nous sommes toujours tentés de répondre avant à la question : « Pour quelles raisons est-ce que je n’arrive pas à dire non ? ». On parle alors de notre éducation, de notre père ou de notre mère qui n’arrive pas non plus à le dire ou qui rentrait dans des rages folles quand on lui opposait son désaccord, de l’enfant modèle qu’on devait être, de notre conjoint qu’on essaie de ne pas vexer… Tout un tas de raisons, toutes valables et qui ne trouveront de réponses que sur le divan d’un psy.


Comprendre les raisons est toujours passionnant et vous fera avancer. Je vous propose de vous concentrer cependant sur le comment et non plus sur le pourquoi, de vous mettre en action face à cette problématique de vie polluant les relations, l’estime de soi, la capacité à s’affirmer et à gérer les conflits.


Le risque de dire non


Dire non présente le risque absolument gigantesque que les gens arrêtent de nous aimer. C’est vrai, d’ailleurs autour de nous il n’y a que des gens qui sont d’accord avec nous, qui ont les mêmes opinions, les mêmes envies au même moment et c’est bien pour cela que nous les aimons aussi. Evidemment, c’est une vaste blague. C’est pourtant le scénario qui se joue dans votre esprit. Tant que je n’oppose pas mon désaccord, je fais plaisir et je suis alors digne d’être aimé. Je suis quelqu’un de bien. Tout comportement, quel qu’il soit, présente un avantage pour celui qui l’adopte. Dans le cas de l’impossible non, c’est de rester quelqu’un digne d’être aimé.


Et puis dire non est vécu comme le début d’un conflit. C’est se mettre en colère, c’est ne plus être d’accord. C’est comme s’il n’y avait qu’une seule manière de dire non, la dure, l’agressive. Si la colère pouvait se mesurer de 1 à 10, alors NON est perçu comme le niveau 10. Ce niveau où l’on s’énerve, où l’on ne peut plus cacher son émotion, voire la contrôler. Alors on a peur de sa propre colère (qui peut se retourner contre soi sous forme de tristesse d’ailleurs) car quand elle part, elle explose totalement, sort du raisonnable, devient incontrôlable, fait mal, à soi ou aux autres.


Alors plutôt que de dire non, nous allons commencer à coller des timbres, accumuler des points de droit à s’énerver (ou être triste selon les cas… ou les deux). Quand le carnet de timbres sera suffisamment rempli, nous allons alors pouvoir décharger cela, si possible contre des gens dont l’amour est solidement établi, la famille proche est donc un très bon vivier (une autre variante est de s’en prendre à un total inconnu dont l’amour nous est réellement indifférent). Là, notre colère sera vraiment justifiée car nous la contenons depuis trop longtemps. A ce moment, elle devient acceptable et normale car personne ne se rend compte de tout ce que vous faites pour leur faire plaisir.


Dire non en restant digne d’être aimé


Alors, vous ne dites jamais non, vous faites tout pour faire plaisir aux autres, être à l’écoute, et personne ne prend la peine de prendre soin de vous ? Normal ceci dit, vous n’avez jamais exprimé vos envies ni précisé que c’était un acte pour faire plaisir. Donc en plus, lorsque votre colère ou votre tristesse se libèrent, elle n’est pas comprise par ceux à qui vous l’adressez car la forme est totalement inadaptée et le fond n’est même pas accepté car connu que de vous.


La réalité est que les gens vous aiment pour ce que vous êtes. Pas pour ce que vous paraissez être. Quelle tristesse de n’être aimé que pour une parodie de nous même, pour ce que nous ne sommes pas véritablement. Qui pourrait se satisfaire d’être aimé de la sorte ? Nous avons besoin d’authenticité et d’intime, dire non, c’est exprimer ses envies et son désaccord, ce n’est pas rejeter l’autre, seulement une idée.


Et dire non n’est pas non plus une fatalité. Nous avons la fâcheuse tendance à considérer que si nous exprimons notre désaccord, la manière dont nous voyons la situation, alors il nous faudra y apporter la solution. Ce n’est pas vrai. Si nous exprimons notre désaccord, alors tout le monde peut chercher la solution, une autre, celle qui sera la meilleure. C’est aussi une manière de marquer calmement son territoire. Oui, dire non n’est pas le niveau 10 de la colère, c’est le premier niveau. Celui où nous affirmons un avis différent. Et avoir un avis différent n’est pas entrer en conflit, c’est juste partager son ressenti, ses envies ou ses besoins.


Trois étapes pour savoir dire non au bon moment


Quand vous ne dites que trop rarement non, il est fréquent de ne même plus vraiment savoir ce dont vous avez envie. La frustration est là, la colère parfois, voire la tristesse. Par contre, savoir réellement ce que vous vouliez, ce que vous auriez voulu dire, calmement, quel avis, quelle réponse… difficile. Alors sous le joug de l’énervement viennent plein de mots, de la colère contre vous ou contre l’autre, les autres, contre la situation. Un bon exercice est déjà d’identifier ce dont vous aviez réellement envie, si vous aviez réussi à vous exprimer, quelle idée auriez vous défendue, quelle réponse constructive auriez vous donnée, de quelle manière… Sachez qu’il n’est pas utile de justifier. « Non je n’ai pas envie. » est une réponse acceptable.


Faire la réponse souhaitée après coup est une bonne manière d’apprendre à mieux identifier ses envies et ses besoins. Vous allez cependant rapidement sentir la frustration de ne pas vous être exprimé, de ne pas avoir encore totalement avancé. Alors anticipez, listez justement ces envies, ces besoins. Etre trop souvent dans le « Faire plaisir » nous amène à finir par ne plus savoir ce que l’on veut véritablement pour nous. Tout est perçu à travers ce filtre, ce driver. En listant ses propres envies, en y mettant éventuellement une notation de 1 à 10, on se laisse le droit d’avoir un avis, d’avoir une idée plus claire de son propre positionnement.


Puis, il va falloir commencer à s’entraîner. S’entraîner à dire non sans justifier. S’entraîner à dire non, juste parce que vous ne voulez pas, que vous n’êtes pas d’accord. Pour cela, la première chose est de se concentrer sur l’avantage que l’on a à le faire. Quel intérêt positif allez vous trouver à dire non ? Ensuite, exercez vous sur des situations faciles, qui ne sont pas trop confrontantes. Refuser d’aller prendre un café avec les collègues (« Non merci, je n’ai pas envie pour le moment », notez bien que dire non n’exclu pas d’être poli et que vous n’allez pas vous cacher derrière un « je n’ai pas le temps » ou « tout à l’heure peut-être » qui sont des manières de ne pas dire non, de se justifier, presque de s’excuser), renvoyer un plat qui ne correspond pas à ce que vous aviez commandé, décider à la caisse de ne pas prendre un article finalement, dire que vous n’êtes pas disponible ce jour là sans forcément chercher une solution immédiate… Et félicitez-vous à chaque fois que vous l’avez fait, prenez le temps pour savourer cela, sans se préoccuper de l’autre un instant, juste pour vous.


Commencez par des moments sans importance, pour créer l’habitude. Et petit à petit, ressentez les moments où vous avez du mal à dire non. Vous allez réaliser que vous arrivez de mieux en mieux à les identifier. Ces instants où ça pique un peu en vous, où vous n’avez pas exprimé ce que vous souhaitiez. Alors quand ils apparaissent, faites durer ce moment, allez accueillir ce ressenti pour bien chercher ce qu’il y a en vous. Puis avec l’habitude, vous verrez que lorsque la forme est la bonne, que vous avez osé, dire non est une libération pour tout le monde, pour vous et pour les autres.


Prenez soin de vous.

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